“C'est le rôle essentiel du professeur d'éveiller la joie de travailler et de connaître.”
Albert Einstein, Comment je vois le monde
 
 

L'unification du territoire japonais

La mise en place du shogunat au Japon (552-1200)

Quand Tokugawa Ieyasu est nommé shogun en 1603, il inaugure une dynastie amenée à diriger le Japon durant plus de deux siècles et demi. Les immenses pouvoirs politiques que lui délègue l'empereur reposent sur le fait que le nouveau shogun (général en chef) a mis fin, grâce à une série de victoires militaires dont la plus célèbre est celle de Sekigahara en 1600, aux guerres féodales et aux rivalités entre seigneurs (daimyo) qui minaient le Japon depuis près d'un siècle.
Après s'être assuré la vassalité des daimyo, il parvient à unifier l'ensemble du territoire japonais sous sa domination. La soumission des seigneurs, qui conservent toutefois une relative autonomie dans leur fief, ancre le Japon dans une ère de stabilité politique qui permet une véritable croissance économique, notamment dans la région d'Edo (l'actuelle T?ky?) qui est le siège du gouvernement des Tokugawa.
Mais cette période correspond également à une phase de repli du Japon sur lui-même : le refus obstiné de tout contact commercial ou culturel avec l'Occident perdure peu ou prou jusqu'à l'accession au pouvoir du futur empereur Meiji, en 1867, qui met un terme au shogunat.
© Olivier COMPAGNON

La structure féodale du Japon (1467-1867)

La fin du shogunat au Japon (1853-1868)

Le Japon face au péril blanc

Acquisitions pendant l'ère Meiji

La guerre russo-japonaise

François de Tessan (1883-1944) a été journaliste, écrivain, député à l’Assemblée nationale et a participé à plusieurs gouvernements dans les années 30. Il est mort en déportation au camp de Buchenwald en avril 1944. Le texte suivant est extrait de l’un de ses deux ouvrages sur le Japon, où il a séjourné juste avant la Première Guerre mondiale de 1914-18. De Tessan y expose le point de vue japonais sur la suprématie occidentale d’après un article paru dans la presse japonaise et qu’il rapporte avoir lu.

 

Les Japonais face au péril blanc (1918)

[Les Japonais] ont beau fournir en paroles des preuves touchantes d’humilité, ils ne songent pas un instant qu’une autre race puisse égaler celle de la race jaune.

J’ai noté un article typique de Kokumin, dont la forme est virulente et l’expression superlative, où l’albinocratie, le péril blanc, est ainsi dénoncée :

« Pendant longtemps les hommes blancs se sont comportés comme si le monde leur appartenait. Depuis la domination grecque et romaine, ils ont agi en se croyant les mandataires spécialement choisis par la divinité. Entre la chute de Rome et le commencement de l’histoire moderne, l’Europe a été à plusieurs reprises envahie par les Mongols, les Turcs et d’autres races qui étaient un sujet de terreur pour les blancs. Mais durant les trois derniers siècles, ils ont établi leur suprématie, et aucune autre nation n’ayant discuté leur puissance, ils ont naturellement formé une « albinocratie ». Leur orgueil les invite à l’intolérance  religieuse à l’égard des autres peuples qu’ils appellent païens, alors qu’ils se considèrent comme les élus de Dieu. Mais quand les autres races acceptent le christianisme, sont-elles traitées sur un pied d’égalité ? L’histoire répond emphatiquement par la négative. Leur conversion paraît un signe de faiblesse.

«  Si les guerres de 1894-95, de 1900, de 1904-05 n’avaient point éclaté, et si tous les Japonais avaient embrassé le christianisme, est-il permis de supposer que cela aurait permis à notre pays d’obtenir une révision des traités ? L’abandon des anciennes religions nous eût-il octroyé la place que nous occupons aujourd'hui dans le monde ? Assurément non… Notre position, nous la devons à un autre évangile de la force… Le développement d’une albinocratie mondiale doit être attribué autant au manque de courage moral des autres races qu’à la présomption des blancs. Les hommes de couleur sont venus d’eux-mêmes se ranger sous sa honteuse domination, plutôt qu’ils n’y ont été réduits par les vainqueurs. Il n’y a donc pas lieu de se déclarer l’ennemi de la race blanche, mais au nom de l’humanité et de la justice nous devons abolir l’albinocratie et établir des relations équitables entre les différentes races. »

Le Kokumin ajoute que ce n’est pas par l’agitation anti-étrangère et par l’appel aux armes qu’on remédiera à cette situation. C’est par une résistance pleine de dignité et par une propagande acharnée parmi les races de couleur. « Il est temps de rappeler la race blanche, conclut-il, à ses justes proportions et de répandre dans le monde l’esprit de justice. »

Ces choses-là, les Nippons les pensent presque tous. Et quand ils vous reçoivent, le sourire aux lèvres, ils les repassent dans leur mémoire, très poliment.

Par les chemins japonais – Essai sur le vieux et le jeune Japon, Plon, Paris, 1918.




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