“C'est le rôle essentiel du professeur d'éveiller la joie de travailler et de connaître.”
Albert Einstein, Comment je vois le monde
 
 

Le T dans l'O

Dès le VIIIe siècle, les représentations schématiques de la terre habitée prennent la forme dite du "T dans l'O" : les trois parties, inscrites dans le O de l'anneau océanique, sont séparées par le T dont la hampe figure la Méditerranée et les branches représentent deux fleuves : l'une, le Tanaïs, limite traditionnelle entre l'Europe et l'Asie ; l'autre, le Nil, partage ordinaire de l'Asie et de l'Afrique. Ce monde est fini, clos par le cercle océanique infranchissable. 
Les mappemondes sont souvent orientées vers l'est, c'est-à-dire vers le soleil levant, orientation cardinale qui prend valeur théologique par analogie avec le Christ, vrai Soleil et lumière véritable. L'Orient et le Paradis terrestre sont placés en haut. À partir du XIIe siècle, la signification spirituelle de ces représentations est renforcée par la position centrale de Jérusalem, "ombilic de la Terre". À l'intérieur de ces trois parties du monde s'insère la représentation des montagnes, "ossature de la Terre", et des fleuves qui la "parcourent comme les veines d'un grand corps". Puis viennent des vignettes urbaines évoquant les cités, agrémentées de tours, de murailles ou d'églises. La forme traditionnelle du TO tend à disparaître derrière la complexité du tracé tandis que les légendes et les vignettes occupent une place de plus en plus importante. Miroir de la création, la mappemonde d'Ebstorf se présente comme une véritable encyclopédie du monde médiéval.
http://classes.bnf.fr/ebstorf/repere/chretien.htm

Motivations et conséquences des Grandes découvertes

Chrétiens et musulmans dans l'Empire ottoman

Les Grandes Découvertes

Le choc microbien

Européens et peuples autochtones des Amériques: le choc microbien

Par Céline Paillette, enseignante à Vincennes

Deux thèmes de recherche passionnent Denis Vaugeois: les métissages et les épidémies.
Denis Vaugeois rappelle que les métissages étaient dans des époques antérieures perçus négativement car assimilés aux unions libres. Il affirme qu’il n’existe plus aujourd’hui d’Indiens en Amérique mais des métis qui s’identifient à eux. De plus, pour être Indien, il n’est pas nécessaire d’avoir du sang indien. Beaucoup d’Européens, des milliers, se sont intégrés aux communautés indiennes: les captifs chez les Mohawks. Certains sont ainsi devenus Indiens culturellement.
Colomb et ses équipiers mettent pied à terre le 12 octobre 1492. La variole ne se manifeste que plus tard sur le continent américain sans doute à partir de l’île de Saint-Domingue. Il semblerait que les équipiers de Colomb, venants de milieu urbain, aient contracté la variole dans leur jeunesse et soient immunisés. Ils n’en sont donc pas porteurs. Cependant, on peut imaginer qu’un autre choc microbien ait bien eu lieu dès le premier jour: les Européens sont victimes d’une forme de syphilis.

Mexico et le choc microbien
La question du choc microbien en Amérique est à mettre en relation avec celle des victoires rapides de Cortés et Pizarre (voir T. Todorov, La conquête de l’Amérique).
Une quelconque supériorité européenne, en armes notamment, le rôle de prévisions divines (que l’on sait écrites postérieurement) ne sont pas des facteurs déterminants. Cortès décrit Mexico comme une ville merveilleuse et puissante. Certains historiens estiment que la ville regroupait des centaines de milliers d’habitants, phénomène sans équivalent en Europe à la même époque. Pourtant, ce sont quelques centaines de conquistadores qui l’emportent.
On constate rapidement, qu’après la prise de la ville, une des préoccupations majeures de Cortés est la gestion des épidémies. La variole avance même plus vite que les troupes. C’est frappant pour la conquête de l’empire inca. Certes, ce dernier est affaibli par les querelles dynastiques internes, mais les troupes de Pizarre, précédées par la variole, portée par les éclaireurs, ont parfois à peine à combattre. L’empire, au moment des invasions, est déjà ravagé par la variole. Le Grand Inca en est mort, on peut estimer à 200.000 le nombre de victimes.

Questionnements d'historiens
L’historien se pose ici la difficile question des estimations démographiques. D.Vaugeois note qu’au fur et à mesure des publications, on envisage à la hausse la population globale du continent américain avant l’arrivée des Européens: entre 80 et 100 millions. Il faut cependant rester très prudent. La population du Mexique tournerait autour de 25 millions d’habitants au début du XVIe siècle, et chuterait brutalement à 1 million à la fin du siècle. La violence de cette crise démographique s’explique d’abord par le choc microbien, par les conditions de vies insupportables imposées aux Indiens (dans les mines, persécutions…), mais aussi par une chute considérable de la natalité.
Le taux de mortalité chez les Indiens victimes de la variole est estimé à 90%. Sans pouvoir l’affirmer avec certitude, ces proportions sont observées dans l’ensemble du continent notamment à l’occasion de l’expédition de Lewis et Clark sur le Missouri au début du XIXe siècle. La variole est une maladie qui s’attaque aux voies respiratoires. Très contagieuse, on peut la contracter en touchant des vêtements, des objets contaminés. On pense que depuis l’Asie, elle a gagné l’Europe. Cependant le taux de mortalité y est beaucoup plus faible. Un des éléments d’explication est un brassage génétique plus complexe sur ces continents. Il faut lire sur ce point le dernier ouvrage de C. Mann 1491.
Le débat s’ouvre autour de la question de la responsabilité/culpabilité des Européens. D’après D.Vaugeois, on ne peut parler ici de génocide qui suppose la mise en place d’un plan coordonné et méthodique afin d’exterminer un peuple. Cependant, certaines questions restent en suspens: quelles sont les mesures prises par les Européens pour tenter de limiter la diffusion de la maladie? D.Vaugeois nous renvoie à la dangerosité de la variole aujourd’hui, potentielle arme de destruction massive à un moment où la vaccination des populations n’est plus assurée.

http://histoire.blogs.liberation.fr/2009/10/11/europeens-et-peuples-autochtones-des-ameriques-le-choc-microbien/




Créer un site
Créer un site