Le chroniqueur de cette époque reste perplexe devant le problème qui se pose à lui, de montrer comment tant d'incapacité, de médiocrité et d'absence de caractère a pu provoquer de telles répercussions. Point de grandeur. On ne rencontre, au contraire, que de « petites » faiblesses, égoïsmes, prétentions, impulsions dans des caractères aussi parfaitement insignifiants que dépourvus de tout scrupule. Dans le cas tout au moins des dirigeants nationaux-socialistes, l'analyse de la structure psychologique d'un régime totalitaire ne relève pas, comme on l'a souvent cru, de la démonologie et de ses concepts imprécis, mais elle se ramène plutôt à la description des faillites concrètes et individuelles. De Hitler à Heydrich, de Goebbels à Rosenberg, nous avons affaire à des individus constamment dominés par leurs passions ou leurs instincts […]. J. F.
Publié en 2013, l'homme dans la guerre est un ouvrage de Bernard Maris dans lequel sont confrontés les récits de Maurice Genevoix et Ernst Jünger. Les deux écrivains se sont battus l’un contre l’autre, le 25 avril 2015 à la tranchée de Calonne.
Genevoix et Jünger, le Français germanophile et l'Allemand francophile, se sont affrontés à la Calonne, dans la Meuse. Ils ont relaté leur guerre dans des chefs d'oeuvre qui sont, à mes yeux, les livres les plus puissants sur la Première Guerre mondiale. Ceux de 14 de Genevoix et Orages d'acier de Jünger ont classé leurs auteurs dans le panthéon des grands écrivains.
Issus de la même génération, se battant sur les mêmes lieux et blessés le même jour, ces deux hommes ont une vision totalement opposéede la guerre. Bernard Maris expose de manière claire les deux conceptions.
Maurice Genevoix évoque chaque homme qui tombe, lui donnant un nom et un visage, tandis qu'Ernst Jünger parle des soldats, de l’armée, da la nation. La lecture croisée de leur oeuvre, complétée par celle de L'homme dans la guerre, lève le voile sur l'acharnement et le sacrifice des soldats.
Voici un livre stupéfiant. J'en avais lu et apprécié la critique dans Marianne en octobre dernier. En gros, l'extase totale a pour sujet les rapports entre le nazisme et la drogue, à travers, entre autres, les carnets du médecin d'Hitler, le docteur Morell. Hitler, surnommé le patient A, reçoit plus de 80 préparations composées d'hormones animales, de stéroïdes, de métamphétamines, de cocaïne et d'opiacées...
Si on ajoute à ce cocktail phamaceutique les psychopathologies qui affectaient Hitler, on comprend pourquoi cet individu a fait sombrer l'Allemagne dans les horreurs du nazisme. A partir d'octobre 1941, Hitler s'est retrouvé dépendant de la drogue et était devenu un véritable "junkie" dont les décisions erratiques se sont avérées désastreuses.
De plus, l'armée allemande s'est approvisionnée en pervitine, c'est-à-dire en métamphétamine, produite en masse par les laboratoires Temmler. Lors de la grande offensive allemande de 1940, la Wehrmacht avait commandé 35 millions de comprimés de pervitine, qui semblait rendre les soldats allemands invincibles. Ohler écrit « Les fantassins marchaient fermement jusqu'à 60 kilomètres par jour, les panzers avançaient nuit et jour. “Les Allemands utilisent une pilule miracle”, titrait alors la presse britannique. »
Cette pilule miracle, la pervitine, explique les succès de la guerre éclair ou Blitzkrieg. Les généraux, comme Rommel, ont pu progresser de plusieurs centaines de kilomètres par jour grâce à des prises de pervitine. De plus, les hauts dignitaires du régime, comme Göring, avaient le cortex embué par des toxicomanies diverses.
Enfin, la pervitine désinhibe totalement et fait perdre tout sens moral. D'où l'équation drogue+propagande= massacres et génocide.
La vie serait si facile sans les petites contrariétés qui viennent nous la gâcher. De l'exaspérant moustique nocturne au pigeon diarrhéique, du serveur vocal aux embouteillages, Jean-Louis Fournier liste l'ensembles des petites plaies qui viennent souiller notre vie aussi sûrement qu'un pigeon sur un costume tout neuf.
Utopie quel beau mot. Pour citer Oscar Wilde, "Le progrès n'est que l'accomplissement des utopies." Toutes les grandes utopies figurent dans cet atlas. De la Révolution française à la conquête lunaire, les grands rêves passés de l'humanité y sont exposés, ainsi que les rêves de demain comme la conquête de Mars ou la disparition de la faim dans le monde.
Cependant, certaines utopies ont viré au cauchemar comme les messanismes religieux ou politiques (le communisme) alors qu'elles promettaient des lendemains enchantés. Or, la construction d'un homme nouveau conjuguée à un progrès technologique rapide suscite un scepticisme et une inquiétude profonds.
"L'atlas des utopies" peint l'homme dans ce qu'il a de plus lumineux, mais aussi de plus sombre. Le monde égalitaire sans murs et sans frontières, fruit de la "mondialisation heureuse" laisse la place à une planète fragmentée qui se hérisse de barrières plus ou moins réelles que l'on retrouve dans le discours de Donald Trump.
"Aucune carte du monde n'est digne d'un regard si le pays de l'utopie n'y figure pas." Osacr Wilde